La chasse au loup-marin

Un peu d'histoire

Du temps de mon grand-père et de mon arrière-grand-père, quand le débarris se formait sur le bord de la côte au mois de novembre ou décembre, les Îles étaient prises dans la glace. On mettait une pancarte : « Fermé pour l’hiver ».

Il n’y avait plus une seule voile à l’horizon, plus un bateau qui pouvait accoster par chez nous pendant des mois, jusqu’à ce que la banquise dégolfe au printemps. Les familles vivaient sur les réserves de poisson salé, séché ou fumé, les légumes en conserve ; les plus riches pouvaient abattre un cochon ou un bœuf, manger des œufs. Mais comme on dit, un poulet c’est vite passé quand t’as treize enfants à table !

L’arrivée des loups-marins, qui venaient mettre bas sur les côtes des Îles-de-la-Madeleine au mois de mars, mettait fin à la misère. Quand on voyait enfin arriver le troupeau, la plupart des familles étaient au bout de leurs réserves et n’avaient plus de viande à se mettre autour de l’os depuis une moyenne traille.

Les hommes partaient en escouade au péril de leur vie, avec un canot à glace pour rapporter le fruit de leur pêche. La banquise était en mouvement, les glaces dérivaient souvent par le large. Il fallait connaître les courants, les vents et les signes qui annoncent la tempête. Il fallait aussi faire attention pour ne pas tomber dans une saignée, entre deux morceaux de glace, lorsque les hommes sautaient d'un morceau à un autre.

Aujourd’hui encore, la chasse au loup-marin est une chasse artisanale et durable. Elle est toujours pratiquée à la façon de nos ancêtres. On compte près de 8 millions de phoques du Groenland de ce côté-ici de l’Atlantique pour ne parler que de cette espèce (source : Pêche et Océans Canada).

Et bien que les moyens technologiques soient plus avancés que dans le temps, les hommes risquent chaque jour leur vie quand ils partent au cœur du Golfe au mois de mars pour nous rapporter du loup-marin.

 

Valeur nutritive

Si on la compare à la viande de volaille, de cochon ou de bœuf, la viande de loup marin contient 10 fois plus de fer par portion de 100g, plus de protéines moins de glucides et 10 à 20 fois moins de gras (source : Seadna Canada).